Yo ! Bienvenue dans ce blog très privé destiné à l’alimentation végétale. Tu souhaites comprendre mon état d’esprit et ma motivation à l’origine de ce blog ? Mais pourquoi diable s’entêter à arrêter la viande ?

Cette page me permet également à moi de poser mes réflexions sur le papier (en l’occurrence, plutôt sur un écran). Je vais revenir sur des concepts très basiques et si tu es déjà chevronné sur ces sujets, tu peux très bien passer certains chapitres sans craindre de représailles de ma part. Mais essaie de faire au moins semblant que tu m’as lu, ça me fera très plaisir 🙂

J’aborderai tous les sujets du point de vue de l’écologie, et beaucoup moins à travers celui des impacts économiques et des impacts sociaux. La raison est simple, je suis beaucoup plus informé sur le premier sujet que sur les deux autres, et donc moins enclin à dire des bêtises 🙂

Au sommaire:

AVANT-PROPOS ET MÉTHODOLOGIE

Il vaut mieux se taire et passer pour un con plutôt que de parler et de ne laisser aucun doute sur le sujet.

Pierre Desproges

Avant de commencer à rentrer dans le vif du sujet, j’aimerais parler de quelque chose que je considère comme primordial. Il s’agit de la légitimité à argumenter sur un sujet complexe.

Le changement climatique est, pour sûr, un sujet complexe. Il s’agit d’être modeste, ni toi ni moi ne comprenons tout ce qui se cache derrière. Les phénomènes qui rentrent en jeux sont nombreux et très techniques. En effet, il faut bien comprendre que le climat n’est pas une science à part entière, mais un regroupement de plein de domaines pointus:

  • Chimie
  • Biologie
  • Glaciologie
  • Volcanologie
  • Géologie
  • Sismologie
  • Océanographie
  • Hydrologie
  • Astrophysique
  • Géophysique

Et j’en passe !

Tu vois où je veux en venir ? À cette question:

En quoi suis-je légitime pour te parler du climat ?

La réponse tient en deux mots: mes sources. Mon jugement à moi, Fabien, on s’en carre. J’ai plutôt un parcours scientifique, certes, et cela m’aide à comprendre certains principes de base. Mais je n’ai aucune forme de spécialité parmi celles mentionnées plus haut. Pourtant, je me considère comme plutôt légitime pour parler de ce sujet. La raison est simple: je ne parle pas en mon nom, mais j’essaie de retranscrire la voix de la communauté scientifique. J’essaie de le faire le plus rigoureusement possible, mais il m’arrive évidemment aussi de me planter.

Ma source est donc les scientifiques, tu l’as compris. Attention, j’ai bien dit LES scientifiques et pas DES scientifiques. La différence ? Le premier se réfère à un consensus général, le deuxième à une minorité. Je parle là des quelques (restants) scientifiques climato-sceptiques.
Mon but n’est pas de te convaincre que le réchauffement climatique est une réalité, pour la simple bonne raison que ce blog est privé. Si tu y as accès, c’est que je t’ai donné le lien, et si je t’ai donné le lien, c’est que tu ne dois pas être trop con.

J’en reviens à mes sources, donc. Voici un exemple qui reprend mon principe du consensus scientifique:

  • Un rapport scientifique commandé par Monsanto est un rapport rédigé par DES scientifiques (soit-disant)
  • Un rapport du GIEC est un rapport écrit et validé par la communauté scientifique, et fait donc majoritairement consensus.

Tu vois la différence ? Tous les organismes qui se basent le plus fidèlement possible sur le GIEC sont une bonne source pour moi. Allez, on va se le faire à la Konbini, c’est partit pour un top 3 des pires sources sur le sujet !

  1. FoxNews1
  2. Greenpeace2
  3. François Fillon3

Et maintenant, 3 bonnes sources d’inspiration (les 2 dernières sont Made in France):

  1. GIEC4
  2. The Shift Project5
  3. ADEME6

Allez, reprenons notre sérieux, et commençons par parler du changement climatique !

A| LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

Il y a des gens qui, à propos de certains problèmes, font preuve d’une grande tolérance.
C’est souvent parce qu’ils s’en foutent.

Mark Twain

Késako ?

Voilà, c’est partit ! Je vais revenir à la base de la base, donc n’hésitez pas à lire en diagonale.

Grosso merdo, depuis le 20ème siècle, l’essor industriel permis par les énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) a entraîné une croissance exponentielle de nos activités et de nos modes de vies. La population mondiale a également augmenté exponentiellement. Graphiques à l’appui:

Consommation d’énergies fossiles au niveau mondial A1
Évolution de la taille de la population mondiale A2

Nous consommons de plus en plus et nous sommes de plus en plus nombreux à le faire. Or, ces activités relâchent dans l’environnement des gaz à effets de serre.

L’effet de serre est un phénomène tout à fait naturel qui nous permet à tous, humains, de vivre sur cette planète. Sans l’effet de serre, la température moyenne sur la surface de la Terre serait de -18°, contre 15° actuellement.

Les “gaz à effet de serre” sont donc des gaz qui amplifient ce phénomène naturel. Ces gaz sont les suivants:

  • la vapeur d’eau (H2O)
  • le dioxyde de carbone (CO2)
  • le méthane (CH4)
  • le protoxyde d’azote (NO2)
  • l’ozone (O3)

À cette liste s’ajoutent des gaz à effet de serre d’origine industrielle uniquement, comme les hydrochlorofluorocarbures (HCFC) et les chlorofluorocarbures (CFC). Je ne reviendrai pas sur ces gaz, retiens seulement qu’ils sont utilisés majoritairement dans les chaînes de froid (réfrigérateurs, climatisations) mais leur utilisation a fortement décrue suite à la signature du protocole de Montréal (1987). La raison de cette ambition: ces gaz sont les principaux responsables des trous dans la couche d’ozone.

Point intéressant: La vapeur d’eau est aussi un gaz à effet de serre. Cependant, les quantités que l’on émet dans l’atmosphère sont tellement insignifiantes par rapport à celles présentes naturellement, que cela ne pose pas de problème.

C’est tout le contraire pour le CO2 qui a une durée de séjour moyenne dans l’atmosphère de 100 ans.

Hmmm ça fait beaucoup de gaz à retenir tout ça… Et il faudrait étudier les provenances et les conséquences de tous ces gaz ?

T’inquiète pas, le GIEC s’en est déjà chargé. Il apparaît même une métrique qui permet de moins se prendre la tête: l’équivalent CO2 !

Ah bon, on peut vraiment exprimer tous les gaz au travers d’une seule métrique ?

On prend la dangerosité d’un gaz sur une période de 100 ans et on la compare avec celle du CO2, et ça nous donne l’équivalent CO2. Pour être tout à fait transparent avec toi, cette “période de référence” de 100 ans fait débat même au sein de la communauté scientifique. Mais globalement nous pouvons considérer que c’est une métrique pertinente et cela va grandement nous simplifier la tâche.

Faut-il dire “réchauffement climatique” ou “dérèglement climatique” ? Eh bien en théorie les deux sont corrects. Mais bien que certaines régions sont plus pluvieuses qu’avant et qu’on a vécu certains hivers assez froids, c’est bien une augmentation de la moyenne des températures sur la durée que l’on observe. On a donc bien affaire à un réchauffement climatique qui est la cause d’un dérèglement généralisé du climat.

Pourquoi il faut s’en préoccuper

La conséquence directe de la hausse de nos activités se traduit par une augmentation de la température mondiale à une vitesse qui n’a aucun précédent dans l’histoire de notre planète.

Anomalies de températures A3

Ce changement brusque du climat va avoir tout un tas de conséquences sur la vie sur Terre. Voici un résumé des principales conséquences qui vont s’aggraver au fil du temps:

  • Acidification des océans: Une grosse partie du CO2 émit dans l’atmosphère se dissout dans l’océan (voir cycle du carbone). Plus l’océan absorbe du CO2, plus il s’acidifie. Plus l’océan est acide, et plus des espèces comme les coraux ou les phytoplanctons – qui sont à la base de la chaîne alimentaire marine – ont du mal à se créer leurs barrières de calcaire protectrices, ce qui met leur espèce en danger. Évidemment, si la base de la chaîne alimentaire meurt, c’est toute la chaîne qui est menacée.
  • Augmentation des vagues de chaleur en fréquence et en puissance: Presque partout dans le monde, des canicules à 50° l’été ne seront pas rares d’ici la fin du siècle.
  • Augmentation en fréquence des phénomènes extrêmes: Tsunamis, Ouragans, Séismes, Feux de forêts, tout cela sera plus fréquent.
  • Augmentation du niveau de la mer: D’ici la fin du siècle, les pays insulaires n’auront certainement plus de terres émergées. En Europe, ce sont les Pays-Bas qui souffriront les premiers avec une diminution de la surface du pays de plus de 50%.
  • Insécurité alimentaire généralisée: Il y a de plus en plus de bouches à nourrir avec des récoltes de moins en moins productives dues aux changements brusques de température.
  • Extinction de la biodiversité: Nous parlons déjà d’une actuelle 6ème extinction de masse due aux activités humaines. Nombre d’espèces ne peuvent pas s’adapter aussi vite à des changements aussi brusques de température. D’autres extinctions sont la conséquence directe de notre expansion en surface qui requiert une déforestation.
  • Apparition de nouvelles maladies
  • Augmentation en fréquence des espèces invasives
  • Etc…

Waouw la claque ! 1 minute de détente svp !

Lorsque l’on entend pour la première fois que la situation est à ce point dramatique, on ne comprend pas. D’ailleurs les 5 étapes de l’acceptation d’un changement dans nos croyances sont similaires à celle du deuil, et sont les suivantes:

  • Le choc et le déni: phase où les émotions semblent pratiquement absentes.
  • La colère: la personne est confrontée à l’impossibilité d’un retour à la situation dont elle doit faire le deuil.
  • Le marchandage: phase des négociations, des chantages utilisant la situation ou l’un de ses aspects.
  • La dépression: grande tristesse, détresse, remises en question.
  • L’acceptation: la dernière phase. Celle pendant laquelle l’endeuillé reprend le dessus. La réalité est beaucoup mieux comprise et acceptée. La vie peut être réorganisée en fonction de la perte à présent intégrée.

Quand la pilule est passée et qu’on a atteint le stade de l’acceptation, on a compris que se lamenter, ou chercher des têtes à couper ne changera rien. Il vient le temps où on se pose autour de la table, on reprend nos esprits et on réfléchit: tout n’est pas perdu, et pour garder espoir et construire un monde enviable, nous devons agir dès maintenant et restructurer notre économie. Tout le monde doit s’y mettre, c’est très probablement le challenge le plus important auquel l’humanité va devoir faire face.

Avant de parler des choses concrètes que nous devrons changer, j’aimerais te parler de notre responsabilité à tous dans ce combat.

La responsabilité individuelle

Ce sont les grandes entreprises qui polluent, ce sont elles qui doivent faire des efforts !

Les entreprises, grandes ou petites, ont évidemment beaucoup d’efforts à faire pour

  1. Comprendre le sujet et pourquoi il est urgent d’agir
  2. Agir

Certaines sont plus en avance que d’autres sur ces points. Mais il ne faudrait pas non plus tomber dans la facilité et accuser les autres. Pour s’en convaincre, je te propose deux images qui amènent à des conclusions très différentes…

Les responsables du changement climatique selon l’Institut Montaigne A4
Les responsables du changement climatique selon Greenpeace A5

On a un exemple très intéressant ici. Le premier graphique est issu de l’Institut Montaigne, un think tank politiquement qualifié de “néolibéral”. Le regroupement qu’ils ont fait ici les amène à la conclusion suivante: il faut concentrer les efforts sur les voitures et les maisons; en d’autres termes sur les particuliers et non sur les entreprises (industries, agriculture).

La deuxième image provient du site de Greenpeace. Le titre de l’article est “ils sont 90 responsables des 2/3 des émissions de gaz à effet de serre”. Le regroupement qu’ils ont effectué les a conduit à la conclusion suivante: Certaines entreprises sont la cause de tous les maux, c’est là qu’il faut concentrer les efforts.

Qui ment ?

Aucun des deux selon moi, je pense que les chiffres sont bons. Mais on peut faire dire aux chiffres ce que l’on veut, c’est bien cela le problème. Le fait est que chacun tente de rejeter la faute sur les autres: “c’est jamais ma faute”. À raisonner comme ça, personne n’agit et on n’avance pas. Tout le monde est responsable dans l’histoire et tout le monde doit prendre sa part. En effet:

  • Si les entreprises avaient plus de contraintes environnementales, les produits vendus auraient moins d’impacts sur l’environnement.
  • Si les consommateurs choisissaient d’arrêter de consommer des produits polluants, les entreprises en perte de client seraient bien obligées de se transformer.

On peut prendre ces phrases par tous les bouts. Il n’y en a pas un qui doit changer avant les autres, tout le monde doit changer maintenant. Dans l’urgence, tous les efforts sont les bienvenus, et ces efforts devront venir à la fois des particuliers et des entreprises.

D’accord, nous sommes tous responsables, il est inutile de jeter la faute sur autrui. Mais à quel point mes actions personnelles peuvent-elles impacter les émissions totales ?

Très bonne question. D’après une étude de Carbone4A6, nos actions individuelles peuvent nous permettre de réduire jusque 25% notre empreinte carbone. Voici des exemples d’actions sur lesquelles nous avons du pouvoir:

  • Changement de nos modes de transport
  • Changement de notre consommation alimentaire
  • Changement de notre consommation de biens (électroménager, vêtements,…)

Et celles sur lesquelles nous n’en avons pas directement:

  • Rénovation thermique du bâti (si nous ne sommes pas propriétaire)
  • Changement des pratiques agricoles
  • Réduction de l’empreinte carbone de l’hôpital
  • Réduction de l’empreinte carbone de l’industrie

En bref, nous sommes tous responsables. Il est important de dénoncer les entreprises qui mentent (#greenwashing) ou qui ne prennent aucune mesure, mais cela ne nous décharge pas de notre responsabilité individuelle.

J’ai lu que la Chine était le 1er pollueur mondial, bien loin devant la France. C’est à eux de changer.

Yes, on attaque un de mes sujets préférés. C’est partit !

La France dans le monde

Regardons quelques chiffres. Les pays les plus émetteurs de CO2eq (équivalent CO2) sont la Chine (30% des émissions mondiales) suivi des États-Unis (15%). La France, quant à elle, émet moins de 1%.

Chouette, on est déjà écolo, il n’y a rien à faire

Pas si sûr. Comparer la Chine et la France n’a pas de sens. La Chine, c’est presque 1,5 milliards d’habitants contre environ 68 millions pour la France. Statistiquement, il n’est pas étonnant que le pays le plus habité au monde soit aussi le plus pollueur…
Petit exercice pour se convaincre que cette métrique n’a aucun sens: Imaginons que demain, la Chine soit divisée en 4 petits pays de taille et population égale, appelés A, B, C et D. Le premier pays pollueur ne sera aucun des pays formés mais sera les États-Unis. Alors que la pollution émise dans ce qui correspondait au territoire chinois n’a pas changé d’un pouce.
On a donc vu que la métrique “Pays le plus pollueur” défavorisait mécaniquement (et injustement) les plus gros pays.

Il faut regarder la pollution par habitant !

Encore raté. La pollution par habitant, c’est le résultat de ce calcul très simple: pollution du pays divisé par le nombre d’habitants. Mais lorsque tu achètes un jean dont le coton a été récolté en Inde, la teinture synthétisée en Allemagne, délavé en Turquie, assemblé en Chine avec un fermeture éclair qui vient du Japon et des rivets en Zinc venus d’Australie, où crois-tu que cette pollution est comptabilisée ? Eh bien toute la pollution associée à cette chaîne n’est pas comptabilisée en France. Seule une partie du transport du produit fini sera pris en compte (cela représente souvent moins de 10% de la pollution engendrée sur tout le cycle de vie du produit). De part ton achat, tu as donc émis 32gCO2 mais seulement 3gCO2 ont été enregistré en France.

On se rend bien compte que toute la chaîne doit être prise en compte pour avoir une mesure pertinente. C’est là qu’intervient la sainte empreinte carbone.
L’empreinte carbone tient compte du cycle de vie d’un produit, depuis l’extraction de ses matières premières constituantes jusqu’à l’acheminement du produit fini.

Maintenant que nous nous sommes mis d’accord sur la métrique pertinente (oui je suppose que tu es d’accord, qui ne le serait pas ?), nous pouvons de nouveau comparer la Chine et la France.
Empreinte carbone d’un chinois: 4tCO2/an
Empreinte carbone d’un français: 11tCO2/an
Empreinte carbone d’un états-unien: 22tCO2/an

Le mode de vie moyen chinois est donc moins émetteur que le mode de vie moyen français. Évidemment, c’est une moyenne, cela ne nous laisse pas voir les potentielles inégalités qu’il pourrait y avoir entre différentes populations chinoises par exemple. Mais ce n’est pas le sujet.

La Chine est le pays qui pollue le plus car c’est l’usine du monde. Vouloir stopper la pollution de la Chine (et donc sa production) reviendra à simplement délocaliser la production vers d’autres pays. On se rend bien compte que le problème est systémique, global et nous avons tous notre responsabilité là-dedans.

L’ennemi public n°2

C’est bon, on arrive à la fin de ce chapitre ! Petit résumé: Nous émettons trop de gaz à effet de serre et cela entraîne des conséquences dramatiques pour la vie sur Terre. Nous avons tous notre part de responsabilité dans ce défi pour une société plus sobre en carbone.

Oui mais ça on est tous d’accord… Mais CONCRÈTEMENT, je fais quoi moi ?

Pour savoir ce qu’il faut faire, nous devons d’abord comprendre d’où viennent nos émissions. Vouloir se battre sans connaître son ennemi paraît être une cause perdu n’est-ce pas ? Voici une répartition des gaz à effet de serre par secteur basée sur celle du GIECA7 mais rendue un peu plus explicite. Laisse-moi te présenter nos ennemis.

Répartition des émissions de CO2eq mondiales – Graphique de Jean-Marc JancoviciA8

Voici les gros points à retenir de ce camembert:

  • Les centrales électriques au charbon sont responsables à elles seules d’environ 20% des émissions totales de CO2eq. Si l’on ajoute les centrales à gaz et au fioul, on tombe sur 28% juste pour le secteur de la production d’électricité.
  • L’agriculture et la déforestation représentent ensemble 28% des émissions totales. Le GIEC regroupe ces deux catégories car elles sont liées, mais j’y reviendrai plus tard.
  • Les transports, fonctionnant très majoritairement au pétrole, représentent 15% des émissions.
  • Pour le reste, il y a un gros enjeu au niveau des logements (ciment pour la construction, isolation, chauffage), les autres industries qui n’ont pas été cités plus haut (comme le textile) ainsi que la part “autres” qui représente notamment l’impact du numérique (data centers,…) qui est un secteur en croissance exponentielle (et qui prendra donc plus de place dans le futur).

Voilà, nous avons défini tous les principaux sujets. Sur ce blog, je vais me consacrer à un seul d’entre eux. En effet j’aimerais te parler de… TADAM *roulement de tambour* *suspense insoutenable* *non tu n’as pas deviné c’est impossible*…
L’ALIMENTATION ! Je vais donc te parler du groupement appelé “AFOLU” par le GIEC: “Agriculture, Forestry and other land use”. Nous allons donc parler agriculture et forêts. Leeeeeeet’s Gooooooo !!

B| ALIMENTATION ET POLLUTION

Tempora mori, tempora mundis recorda. Voilà. Et bien ça, par exemple, ça veut absolument rien dire, mais l’effet reste le même, et pourtant j’ai jamais foutu les pieds dans une salle de classe attention !

Roi Loth, Kaamelott

Manger moins ou manger mieux

Nous avons donc un vrai enjeu avec cette agriculture qui pèse 20% des émissions carbone. Nous avons deux choix pour réduire notre impact: soit on arrête de manger, soit on mange différemment. Personnellement, j’ai encore l’intention de vivre. Je choisis donc la deuxième catégorie 😛

Plus sérieusement, comment peut-on avoir une agriculture moins émettrice ? Permaculture, agroforesterie ? Eh bien, un peu de cela certainement. Mais d’abord, je te propose de jeter un œil sur l’empreinte carbone de chaque type d’aliment (juste au cas où).

Empreinte carbone détaillée par type d’alimentB1

Tout est dit 🙂

En gros, faut arrêter de manger de la viande et du fromage ? T’es fou ! C’est trop bon !

Moins on en mange, mieux la planète se portera. Il est logique que l’élevage pollue: selon la FAO, 1kcal de produit animal a nécessité en moyenne la production de 7 kcal végétales (cela monte à 16 kcal pour les bovins).
Une règle empirique qui fonctionne bien pour savoir à quel point votre viande a émis: plus l’animal d’origine est gros, plus son empreinte CO2/kg est élevé. Donc 100 grammes de bœuf a émis plus que 100 grammes de poulet.

Essayons quand même de comprendre plus en détails ce petit graphique. On peut en déduire plein de choses. Premièrement, l’un des paramètres les plus important est le changement d’utilisation des sols. On parle ici de la déforestation. Tu te rappelles le chiffre du graphique plus haut ? La déforestation a un certain poids dans les émissions totales de carbone. En effet, la biosphère agit comme un puits de carbone: elle va capter le CO2 atmosphérique. Lorsque l’on brûle des arbres, ils relâchent alors du CO2 qu’ils avaient stocké en leur sein et on empêche de fait cet arbre d’en absorber de nouveau dans le futur. Cela explique le poids de la déforestation dans les émissions totales de CO2.

Les élevages nécessitent d’implanter des nouvelles cultures pour nourrir ces animaux. Ces cultures prennent de la place, et on a souvent besoin de gratter un peu de forêt pour obtenir la surface convoitée.

Ce facteur pèse également très lourd dans l’empreinte carbone du chocolat car celui-ci nécessite beaucoup d’huile de palme. Ces nouvelles cultures sont responsables de beaucoup de déforestation.

Le deuxième gros point noir est le méthane que les ruminants émettent. Cela est dû à la fameuse “fermentation entérique”, autrement dit les pets de vache. L’impact que ça peut avoir sur l’empreinte carbone d’un animal est impressionnant n’est-ce pas ? Pour ce qui est des produits végétaux, cela correspond au méthane qu’émettent les rizières ou aux émissions directes du fonctionnement de la ferme (fertilisants, tracteurs ou autres machines,…)

La part du transport est à peine perceptible !

Eh oui, deuxième grosse surprise, le transport n’est pas la facteur le plus important lorsque l’on parle d’empreinte carbone de l’alimentation. J’irai même plus loin: toute la chaîne “Traitement du produit -> Transport -> Packaging -> Vente” ne pèse rarement plus de 15% de l’empreinte totale d’un produit. Comme quoi, la nourriture “locale” n’est pas forcément le premier paramètre à prendre en compte lorsque l’on veut réduire son empreinte carbone personnelle. Il peut même être contre-productif, mais j’y reviendrai plus tard… *musique drama*

Bon, j’ai compris. J’arrête la viande. Désormais, au lieu de mon steak pâtes du samedi, je mangerai… des pâtes… et… c’est tout ? C’est trop triste ! Et ma pizza boeuf chorrizo emmental du dimanche soir ?

Non non et 100 fois non ! Contrairement aux idées reçues, l’alimentation végétale n’est pas “triste” ni “sans goût” ni rien de tout ça ! Mais si tu veux arrêter la viande (ou réduire ta consommation) il te faut connaître plus de recettes. ça tombe bien ! Voici un site qui répertorie les meilleures recettes végétales: https://cuisine.fabiendesgranges.com/
T’es vraiment chanceux.

Substituts des produits animaux

Du coup je mange quoi ?

Manger moins de viande implique de revoir totalement ses plats habituels. L’idée ici n’est pas de se concentrer sur ce que tu perds (viande, fromage, ou tout aliment que tu souhaites réduire) mais sur ce que tu y gagnes. Tu vas sûrement découvrir de nouvelles choses que tu n’avais jamais eu l’occasion de manger avant. Dans ma transition vers une alimentation plus végétale, j’ai découvert de nombreux aliments très bons quand ils sont bien cuisinés. Des légumes (fenouils, choux-fleurs, épinards, poireaux); des épices (curcuma, romarin, origan, basilic); des oléagineux (noix de cajou, amandes, graines de courge); des légumineuses (soja, pois chiche, haricots rouges) et plein d’autres aliments que je n’avais jamais eu l’occasion de goûter avant !

Vais-je être carencé ?

Sacré sujet ! On lit vraiment tout et n’importe quoi sur internet. Que nous apprend l’expérience ? Beaucoup de pays asiatiques ont un régime bien moins riche en viande que nous. Les indiens, eux, sont une population à 42% végétarienne. Les japonais mangent très peu de viande et plus de soja et de poisson. C’est aujourd’hui la population qui a l’espérance de vie en bonne santé la plus élevée du monde.

Moins de viande va donc allonger mon espérance de vie ?

Je n’en sais rien. Pour la simple et bonne raison qu’on trouve des études contradictoires sur ce sujet. Je n’ai pas encore réussi à en déduire quelque chose de manière sûre. Est-ce que manger moins de viande sera meilleur pour ma santé ? Je ne sais pas. En revanche je suis certain d’une chose, c’est que manger moins de viande ne peut pas être mauvais pour la santé, d’autant que les français en mangent bien trop.
Malgré tout, il y a une certitude qui ne fait plus débat: les produits animaux transformés (charcuterie, jambon, saucisse, lardons, bacon) présentent un facteur cancérigène avéré, et sont classé dans la catégorie 1 des cancérigènes selon l’OMS. C’est-à-dire dans la même catégorie que le tabac. Cela ne signifie pas que la viande transformée est aussi dangereuse que le tabac, mais que le facteur cancérigère de la viande transformée est certain et validé par des études sûres. Aussi certain que la dangerosité du tabac.

Pour revenir sur le sujet des carences, il faut savoir que tous les micronutriments présents dans les produits d’origine animales sont également présents dans les végétaux. Tous sauf 1: ce petit résistant gaulois, c’est la vitamine B12. Nombreux végétariens ou végans n’ont jamais eu de problème de carences en B12, mais par précaution il est conseillé de se supplémenter en vitamine B12. Si tu as choisi de réduire ta consommation de viande sans la supprimer complètement, alors il est inutile de te supplémenter.

Quid des protéines ?

On trouve des protéines dans les céréales (blé, riz, avoine), dans les légumineuses (pois chiche, haricots, soja), dans les oléagineux (noix, amandes). Si tu souhaites diminuer ta viande seulement, alors il te reste encore le fromage, le poisson et les œufs qui contiennent des protéines également. Bref, il n’y a que l’embarras du choix. Cette question revient fréquemment mais il n’y a vraiment aucune raison de s’inquiéter.

Mais j’ai lu que les protéines végétales étaient de moins bonne qualité que les protéines animales.

Plus exactement, on parle de protéine complète ou non complète. Une protéine complète, c’est une protéine qui contient tous les acides aminés que le corps ne peut pas produire lui-même et qui devront donc être amenés par l’alimentation.
Toutes les protéines animales sont complètes. Aucune protéine végétale n’est complète à l’exception du soja.

C’est grave docteur ?

Non, car il suffit de consommer des protéines complémentaires.

Imaginons que le corps a besoin des acides aminés A et B pour bien fonctionner.
L’idée est que le riz va contenir les acides aminés A et que les haricots vont contenir les acides aminés B. En mangeant les deux dans ta journée ou dans ta semaine, tu n’auras ni un décifit en A ni en B. On dit alors que les protéines du riz sont complémentaires à celles des haricots. C’est tout.

Ne t’inquiète pas, tu n’as pas à réfléchir à tout ça pour préparer tes plats, ce n’est important que si tu suis très précisément tes apports en protéines dans le cadre d’une diète sportive par exemple. Il faut juste manger varié, et c’est un conseil que l’on donne à tout le monde, végétarien ou non.

C| LA BONNE ÉTIQUETTE

Je voudrais leur dire qu’on a reçu le coup de pied au derrière mais que c’est pas parce que vous voulez renverser la table que vous descendez de la voiture dont vous vous abstenez de choisir le chauffeur.

Nicolas Sarkozy

Maintenant qu’on est sur les mêmes bases, je vais écrire ici ce que je pense des principales initiatives pour une meilleure alimentation. J’analyserai les bienfaits (ou non) que je perçois sur l’environnement de chacune de ces initiatives, en rappelant aussi les avantages/inconvénients sur les plans de l’économie, de la santé et de l’éthique quand cela est pertinent.


Attention: Cette partie n’est pas le chapitre le plus important de mon blog. Je vais, de fait, parler de sujets polémiques tout en détaillant très peu, et en citant moins de sources. J’essaierai de détailler plus avec le temps. Si tu n’es pas d’accord avec moi sur un sujet précis, n’hésite pas à me le dire et on pourra débattre 😉
Prêt ? Partez !

Bio

Vaste sujet ! Le Bio regroupe tellement de pensées et de pratiques différentes qu’on a tendance à s’y perdre. Essayons d’y voir un peu plus clair.

L’idée globale du bio, c’est la volonté de préserver les écosystèmes en choisissant des produits moins nocifs pour l’environnement. L’agriculture biologique rejette les engrais et pesticides de synthèse, les médicaments vétérinaires, les OGM, les conservateurs, les additifs et l’irradiation des alimentsC1. Pour conserver des sols fertiles, l’agriculture bio emploie des techniques telles que la rotation des cultures, les cultures intercalaires, les associations symbiotiques, les cultures de couverture, les engrais biologiques, le labourage superficiel des terres, le non-utilisation d’engrais et pesticides de synthèse.

Sur le plan du climat, d’après la FAO, “l’agriculture biologique diminue l’utilisation des énergies non renouvelables en réduisant les besoins de produits agrochimiques (qui exigent de produire de grandes quantités de combustible d’origine fossile). L’agriculture biologique contribue à atténuer les effets de serre et à réduire le réchauffement de la planète grâce à sa capacité à éliminer le carbone des sols.”

En revanche, il y a un gros point noir. Les cultures bio affichent en moyenne des rendements inférieurs d’environ 20% par rapport aux cultures non-bioC2; cela nécessite donc un plus grand étalement en surface des cultures; et donc encore de la déforestation. A cause de cette caractéristique, la différence entre des cultures bio et non-bio en termes d’émissions de gaz à effet de serre n’est pas significative.

Sur le plan de la santé, les études menées présentent un biais important: les personnes qui mangent bio prennent aussi généralement mieux soin de leur santé à tous les niveaux. Les résultats sont donc difficilement exploitables. En supprimant ce biais, il n’y a pas de différence notable entre les populations qui mangent bio et celles qui ne mangent pas bioC3.

Sur le plan de l’éthique, l’agriculture biologique rejette les OGM et prend mieux en compte le bien-être animal. Je parlerai de ces deux sujets dans les chapitres “OGM” et “Végan” respectivement.

Enfin, je terminerai ce chapitre en parlant de durabilité. La bio s’est construit autour de cette notion; pourtant, convertir toutes les cultures en cultures bio nécessiterait de nouvelles déforestations massives, alors qu’il faudrait faire l’opposé, c’est-à-dire reforester massivement la planète. Selon une étude publiée par la revue Nature CommunicationC4, nourrir toute la planète en bio est possible à deux conditions:

  • Réduire le gaspillage alimentaire
  • Limiter la consommation de protéines animales

Conclusion: Je suis plutôt en faveur du bio pour ses pratiques de préservation des sols. L’agriculture bio a aussi une empreinte écologique globalement plus faible que l’agriculture traditionnelle. Néanmoins, il ne faudrait pas placer trop d’espoirs dans le bio qui est loin d’être la solution miracle pour un monde plus durable.

Local

Réduire la distance parcourue de sa nourriture, cela paraît évident pour réduire l’empreinte carbone de notre consommation alimentaire. Cela paraît même souvent être l’une des solutions la plus efficace. Or, comme nous l’avons vu plus haut, c’est loin d’être la solution la plus efficace. Le transport ne pèse rarement plus de 10% de l’empreinte carbone d’un aliment, bien derrière la nature du produit donc.

10% c’est déjà pas mal ! Allez c’est plié, on valide toute nourriture locale ! Ouf, enfin moins de blabla…

Minute papillon ! Tu sais que lorsque l’on parle d’écologie, on ne raisonne pas en disant ce qui est “bon” ou “mauvais”, mais ce qui est “mieux” ou “moins bien”. Voici un contre-exemple dans lequel une alimentation locale est “moins bien” qu’une alimentation provenant de plus loin:

On est le samedi 15 avril, à Brest, il fait nuageux mais quelques rayons de soleil sont tout de même perceptibles. Marie, étudiante en droit, sillonne les allées de son magasin préféré. Elle aperçoit à côté des tomates espagnoles une rangée des tomates bien mûres provenant de Plougastel, une ville proche de chez elle. Chouette ! Elle va pouvoir acheter des fraises locales et se sentir écolo.

Eh ben tout va bien alors ?

Non, car l’étiquette ne mentionnait pas que ces tomates ont été produites…sous serre chauffées. Eh oui, point de tomates bretonnes en avril, il ne fait pas (encore) assez chaud.

Comparons l’empreinte carbone de ces tomates bretonnes avec celles venues d’Espagne qui n’ont pas eu besoin d’une serre chauffée:

  • 1kg de tomates produites en France en saison: 0.3kg CO2
  • 1kg de tomates importées d’Espagne: 0.6kg CO2
  • 1kg de tomates produites en France sous serre chauffée: 2.2kg CO2

Conclusion: Il est souvent pertinent de combiner ce qui est “local” avec ce qui est “de saison”. Les deux vont bien ensemble et cela m’offre une parfaite transition pour la suite !

De Saison

Nous vivons dans une période où nous avons accès à tout, tout le temps et tout de suite. Manger de saison est un véritable choix de mode de vie qui vise à rompre avec cette nouvelle abondance. C’est un choix qui permet d’éviter l’artificialisation des sols et le recours aux serres chauffées. Ai-je aussi besoin de préciser que les fruits et légumes de saison sont moins chers et ont meilleur goût ? 😉

Pour conclure, voici un petit paragraphe que j’ai pu trouver sur un blog:

La nature nous offre ce dont notre corps a besoin au bon moment. À chaque saison correspond des aliments bien précis qui sont adaptés à nos besoins.

Par exemple, en hiver, l’organisme a besoin d’une alimentation plus riche et plus vitaminée pour affronter le froid. C’est donc en hiver que l’on trouve des fruits riches en Vitamine C tels que le kiwi, l’orange ou la clémentine, des légumes plus rassasiants comme la pomme de terre, mais aussi une grande variété de courges, idéales pour les soupes et les gratins.

À l’inverse, en été, le corps a besoin de rester hydraté face à la chaleur. Là encore, la nature a bien fait les choses puisque c’est la saison des fruits et légumes gorgés d’eau : pastèque, melon, fraises, concombre, tomates … Il y en a pour tous les goûts !

Je propose donc de revenir vers une alimentation plus naturelle en se laissant guider par les saisons, d’où le deuxième titre du blog “alimentation végétale et de saison“. Pour t’aider, j’ai créé une page qui t’indique les fruits & légumes du moment, ça se passe ici.

Si je ne devais choisir qu’une chose entre alimentation végétale ou alimentation de saison, tu me conseillerais quoi ?

Concernant les ordres de grandeur, je trouve l’alimentation de saison pertinente mais bien moins efficace que l’alimentation végétale. Donc si tu ne devais faire qu’une seule chose, je te conseillerai d’abord de manger moins de viande, ça va de soi. D’ailleurs en parlant de viande, que penser du véganisme ?

Végan

Véganisme: Mouvement qui consiste à refuser tout produit ayant nécessité une exploitation animale.

Cela se traduit par refuser, par exemple, les produits alimentaires issus des élevages: viande, lait, œufs; les vêtements en cuir; ou encore des médicaments qui ont été testés sur des animaux.

À ne pas confondre avec l’antispécisme, un courant philosophique qui consiste à placer l’espèce humaine sur le même niveau moral que les autres animaux.

La motivation première du véganisme est la cause animale. Quand on regarde de près le traitement qui est infligé aux animaux dans les élevages industriels et dans les abattoirs, ça nous gène. On préfère souvent fermer les yeux et continuer à manger notre bon steak. C’est donc d’abord un mouvement éthique construit pour améliorer la condition animale.

Quel impact sur l’écologie ? Eh bien il suffit de regarder le graphique de la partie B et d’y supprimer tous les produits d’origine animale. Ces produits figurent parmi les aliments à plus haute empreinte carbone. Le véganisme est donc, de fait, positif pour l’environnement.

Mais ?

Non, ya pas de “mais” c’est fois-ci. Pour ma part, je ne vais pas être malhonnête: ce n’est pas l’argument de la cause animale qui m’a conduit à ne plus manger de viande. Une simple question suffit à s’en convaincre:
-> Est-ce que je continuerais à manger de la viande s’il n’y avait pas de problème écologique ? Oui.
-> Est-ce que je continuerais à manger de la viande s’il n’y avait QUE le problème écologique (Pas de soucis éthique) ? Non.

Je suis sensible à la cause animale. Mais si je devais hiérarchiser les causes, je placerai le combat écologique au-dessus du combat pour une meilleure condition animale. Pourquoi ? Et bien c’est simple: le premier INCLUT le deuxième. Eh oui, il faut se rappeler que le changement climatique va continuer d’achever des millions d’espèces en détruisant les habitats naturels des animaux. Si on se soucie de la cause animale, on est obligé de se soucier également de la cause écologique. L’inverse n’est pas vrai.

Pourquoi tu n’es pas végan ?

Le véganisme réfute toute exploitation animale. Cela signifie que si tu adoptes une poule, c’est uniquement pour l’adopter en tant qu’animal de compagnie, mais pas pour profiter de ses œufs. Personnellement, je n’exclus pas l’idée d’avoir une poule dans mon jardin plus tard: l’empreinte carbone d’une poule domestique et de ses œufs est très faible. Je pense qu’une poule domestique n’est pas malheureuse. Et c’est rigolo une poule.

Qui n’aurait pas envie d’attraper ce pokémon ?

Je ne suis pas non plus contre les expériences scientifiques faites sur les animaux. Eh oui, je ne suis pas antispéciste, mais je trouve les arguments des antispécistes intéressants sur le plan philosophique. Peut-être changerai-je d’avis un jour 😉

Sans Soja

Voici ce qui est parfois reproché au soja:

  • Responsable de la déforestation en Amazonie
  • Les cultures sont très gourmandes en eau
  • Favorise l’hormone féminine et donc fait pousser des seins aux hommes (si je te jure, j’ai déjà lu ça !)

Pour moi, aucun de ces trois arguments ne sont recevables. Je vais répondre point par point.

  • Responsable de la déforestation en Amazonie: Les cultures de soja au Brésil produisent deux sous-produits: les tourteaux de soja et l’huile de soja. L’huile de soja est présente dans beaucoup de nos produits sous l’appellation “huile végétale”. Avec l’huile de palme, elle fait partie des huiles les plus utilisées notamment dans les produits industriels.
    Les tourteaux de soja, quant à eux, sont exclusivement dédiés à l’alimentation des animaux d’élevage. Sur les deux produits, celui qui représente le plus gros bénéfice commercial est le tourteau de soja. C’est donc bien la production de tourteaux qui motive la création de nouveaux champs de soja au Brésil et entraîne la déforestation.
    C’est donc pour nourrir les bêtes que l’on déforeste. Il faut absolument comprendre ça: quelqu’un qui mange de la viande a, de fait, consommé beaucoup plus de soja qu’un végétarien/végétalien qui mange du soja quotidiennement. D’autant que la viande que l’on trouve en supermarché provient souvent d’animaux qui ont consommé du soja Brésilien, tandis que les produits au soja que l’on trouve en France (tofu, yaourts,…) sont majoritairement produits à partir de soja français ou allemand qui n’ont pas ou peu nécessité de déforestation et ont donc une empreinte carbone bien plus faible.
    Pour le dire autrement, rappelle-toi qu’en écologie on ne raisonne pas en “bien” ou en “mal”, mais en “mieux” ou en “moins bien”. Remplacer sa consommation de viande par de la consommation de soja est infiniment mieux du point de vue écologie. Pour ce qui est du côté nutritif et santé, j’en parle un plus loin.
    Donc non: le soja n’est pas responsable de la déforestation de la forêt amazonienne. C’est l’élevage et ses besoins croissants en alimentation qui nécessitent des nouvelles cultures et, si ça n’avait pas été le soja, ça aurait été autre chose.
  • Les cultures sont très gourmandes en eau: Il est vrai que la culture de soja a besoin de plus d’eau que la plupart des autres végétaux cultivés. Malgré tout, il faut utiliser le même raisonnement que pour le point précédent, et nous trouvons qu’en terme d’utilisation d’eau, la production de soja est infiniment moins consommatrice d’eau que la production de viande. C’est un fait.
  • Favorise l’hormone féminine: Bon, celle là… Je ne m’y attarderais pas plus. De nombreuses études démentent ces rumeurs et la pratique montre également, d’après les témoignages des nombreux végétariens/végan, que cette information est fausse. Pour rappel, la consommation de soja des pays asiatiques ne date pas d’hier, et ils ne sont pas plus mal en point que nous. Je ne serais pas étonné d’apprendre que cette rumeur a été lancé par le lobby animal. En effet, il n’est pas nouveau de voir que ceux-ci jouent sur les stéréotypes qui associent l’homme viril avec la consommation de viande. Je ne développerai pas plus car il s’agit ici d’une théorie personnelle qui n’a, cette fois-ci, absolument aucun fondement scientifique. Moi aussi j’aime crier au complot parfois !

On a donc compris que sur le plan écologique, en comparant à la viande, le soja n’a rien à se reprocher. Et il est pertinent de comparer le soja à la viande, car celui-ci lui ressemble du point de vue nutritif, et pour cause:
Le soja est le seul végétal qui contient des protéines complètes, c’est à dire tous les acides aminés que le corps ne peut pas produire lui-même. Et il en contient pas mal: 20g de protéine pour 100g de produit, ce qui le classe directement au même rang que la viande de boeuf.
Ensuite, il faut l’avouer, le soja est très pratique car il se décline sous plusieurs formes: Tofu, Yaourt, similis carnes, PST (protéine de soja texturé), Tempeh, et j’en passe ! Si tu ne connais pas la moitié des produits que je viens de lister, c’est que tu n’es ni végétarien, ni japonais 😉
Eh oui, ces produits sont des aliments de base de la nourriture asiatique et ce depuis des siècles. Eux-mêmes qui affichent des espérances de vie parmi les plus élevées de la planète.

Allons bon, il nous dit que le soja permet de vivre plus longtemps, et puis quoi encore ?

Non, évidemment, corrélation n’est pas causalité. Cela ne prouve pas que le soja est bon pour la santé, mais je pense que cela prouve au moins qu’il n’est pas mauvais. Le soja ne tue pas 😉

Conclusion: Les arguments anti-soja me paraissent souvent soit de mauvaise foi, soit complètement basés sur des rumeurs. Il est intéressant de savoir que le soja consomme pas mal d’eau par rapport aux autres cultures. Tout comme le riz produit une quantité non-négligeable de méthane (CH4). Mais il s’agit là de défauts mineurs, vraiment, par rapport à la pollution immense engendrée par les produits d’origine animale.

Encore une fois: Les personnes qui ont un régime carné critiquent souvent la forte consommation de soja de certains végétariens. Ceux-là doivent se rappeler qu’en mangeant de la viande, ils consomment de fait bien plus de soja que les végés 😉

Sans OGM

Alors là, je ne vais peut-être pas me faire que des copains… Sans suspense, voici ma position sur les OGM:

Toute aide, de manière générale, qui peut aider lors de la guerre contre le réchauffement climatique, est à considérer sérieusement.

Ça veut dire quoi ?

Prenons un exemple:

Imaginons que l’on découvre une technique qui permettrait aux rizières de ne plus émettre de méthane (CH4), en modifiant génétiquement le riz cultivé. Faisons également l’hypothèse que nous avons testé ce riz sur l’homme et qu’il ne pose aucun problème de santé, pas plus que le riz traditionnel.

Dans cet exemple et avec les hypothèses avancées, alors je suis en faveur de ce riz OGM.
Cela signifie que je ne suis pas éthiquement opposé aux OGM. Pour moi, dans cet exemple, il me semble plus éthique d’encourager sa production plutôt que l’inverse, car cela participera à la lutte contre le changement climatique et donc à sauver des vies.

Cet exemple n’est peut-être pas si théorique que cela, et plusieurs articles ont vu le jour sur le sujetC5.

Il faut savoir que les OGM ont été très critiqués à leurs débuts car ils posaient des problèmes de santé. C’est, il me semble, moins le cas aujourd’hui. Mais il faut évidemment être très exigeant, et, dans le cas de l’exemple cité plus haut, je ne suis pas 100% sûr que l’hypothèse est valide, c’est à dire que les riz OGM actuels sont réellement sans mauvais impacts sur la santé.

Conclusion: Je ne suis pas opposé par principe aux OGM. Si ceux-ci sont sans danger et peuvent aider à sauver le climat, alors j’y suis favorable.

Sans Gluten

La vue des emballages avec des indications telles que sans gluten ou sans soja indique à notre inconscient que ces produits sont à éviter. Dès lors, nous nous méfions automatiquement de ces substances.

Pourtant, le gluten ne pose absolument aucun soucis à la majorité de la population. Les seules personnes qui doivent s’en passer sont celles qui présentent une intolérance ou une allergie particulière. Environ 1% de la population serait concernée. Si tu as des doutes, cesse ta consommation de gluten pendant 2 semaines, et observe le résultat.

Aucun lien avec l’écologie en tout cas, mais beaucoup de personnes pensent qu’en additionnant les bonnes étiquettes (local, sans gluten, sans soja,..) on fait un geste pour sa santé et pour l’environnement. Ce qui est loin d’être toujours le cas 😉

Sans Déchets

Le plastique a le mauvais défaut de se décomposer très mal dans la nature. Cela a pour conséquence l’apparition de ce fameux 7ème continent dans l’océan pacifique: une mer de déchets plastiques, dans laquelle nombre d’espèces animales s’étouffent. Cette “mer de déchet” n’est pas unique, il existe plusieurs zones d’accumulation de ces déchets dans tous les océans.
Rajouté à ça le fait que le plastique est produit à partir du pétrole, cela nous fait une double raison de vouloir nous en passer.

L’initiative 0 déchet consiste justement à réduire ses déchets. Cela implique par exemple de:

  • Boire de l’eau du robinet plutôt que de toujours acheter des nouvelles bouteilles en plastique
  • Acheter un maximum en vrac avec ses propres bocaux réutilisables
  • Recycler ce qui est recyclable

Le recyclage mériterait un paragraphe entier pour lui… Mais il ne faut pas oublier que le processus est énergivore, d’où la maxime: “le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas”.

Pour terminer, il ne faudrait pas réduire l’initiative 0 déchet à la réduction du plastique: il s’agit de réduire les déchets de tout type pour limiter les poubelles qui nécessitent du transport, de l’incinération ou de l’enfouissement. Chaque maillon de la chaîne rejette des gaz à effet de serre et d’autres polluants.

Je trouve donc l’initiative intéressante à tout point de vue.

CONCLUSION

Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise humaine… mais pour l’univers, je n’ai pas de certitude absolue.

Albert Einstein

Tu es resté jusque là ? Bravo ! Et merci, ça me fait super plaisir ! Encore une fois, je t’invite à me donner ton propre avis sur tout ce que je viens de raconter, ça m’intéresse !

Reprenons un peu le fil de l’argumentaire point par point:

  • Nous faisons face à une changement climatique rapide qui représente la pire menace que l’humanité n’a jamais connu de son histoire.
  • Ce changement brusque est la conséquence du surplus de gaz à effet de serre dans l’atmosphère dû aux activités humaines.
  • Individus, entreprises, politiques,… nous devons tous agir pour changer nos modes de vie vers une société décarbonée. Les efforts à fournir sont immenses mais pas irréalisables; La mentalité du “c’est d’abord à lui de changer” nous mène tout droit vers l’inaction collective. Soit dit en passant, l’inaction est un choix. Les générations futures auront tout à fait le droit de critiquer ce choix. Au 21ème siècle, nous ne pouvons plus dire que nous ne savions pas.
  • À l’échelle individuelle, le meilleur moyen de diminuer son empreinte carbone est de changer son alimentation. Cela n’implique pas de gros sacrifices, mais cela demande une réelle remise en cause de nos traditions. L’impact de ce changement est bon pour la planète mais aussi souvent bon pour le portefeuille et pour la santé; c’est donc un changement souhaitable à tout point de vue.
  • Beaucoup de bonnes initiatives existent pour un monde meilleur: bio, local, de saison etc. Certaines de ces initiatives se concentrent sur l’aspect éthique, d’autres sur la santé. L’écologie est le facteur le plus important à prendre en compte car il conditionne tous les autres. Dans un monde en effondrement écologique, l’économie s’effondrera aussi. La santé des gens également. Et nous n’aurons plus le luxe de mener des batailles éthiques pour sauver les animaux.
  • Sur le plan écologique, beaucoup d’initiatives sont pertinentes, mais l’action qui a le plus gros impact est la réduction de l’apport carné dans l’alimentation.

Pour conclure, je souhaitais te partager ce graphique que je reprends de l’étude de Carbone4 à propos de l’impact des actions personnelles sur son empreinte carbone.

Impact de chaque action sur l’empreinte carbone individuelle A6

Voilà c’est la fin de ce petit essai, ça fait un bien fou de poser ses réflexions par écrit. Sur ce, merci de m’avoir lu et je te souhaite tout le bonheur du monde. Kenavo !

SOURCES ET RÉFÉRENCES

[1] FoxNews est une chaîne de télévision américaine réputée pour sa position climato-dénialiste.

[2] Je n’aime pas la méthodologie de Greenpeace qui consiste à prendre dans la science ce qui l’intéresse, et à rejeter le reste. Greenpeace aurait délibérément menti dans les années 2000 sur l’implication de l’alimentation carnée dans le changement climatique, et continue de mentir sur le sujet du nucléaire. Je te conseille cette vidéo qui en parle plus en détails: https://www.youtube.com/watch?v=xx55qcGdXOo

[3] C’était évidemment une blague: François Fillon n’est pas du tout une mauvaise source. C’est plutôt une “non-source” de part l’absence totale du sujet dans ses discours.

[4] IPCC en anglais. Tous les rapports sont disponibles sur le site https://www.ipcc.ch/

[5] Think tank pour une transition vers une économie décarbonée. Site web: https://theshiftproject.org/

[6] Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie. Site Web: https://www.ademe.fr/

[A1] https://ourworldindata.org/fossil-fuels#all-charts-preview

[A2] https://ourworldindata.org/world-population-growth#all-charts-preview

[A3] “Working Group I Contribution to the Fifth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change”, page 22, IPCC (GIEC), 2013. Lien du rapport: https://www.ipcc.ch/report/ar5/wg1/

[A4] https://www.institutmontaigne.org/publications/energie-priorite-au-climat. Cet exemple provient de la vidéo de la chaîne YouTube “Écologie Rationnelle”: https://www.youtube.com/watch?v=dvB3O7DONFg

[A5] https://www.greenpeace.fr/climat-ils-sont-90-responsables-de-23-des-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre/

[A6] https://www.carbone4.com/wp-content/uploads/2019/06/Publication-Carbone-4-Faire-sa-part-pouvoir-responsabilite-climat.pdf

[A7] “Working Group III Contribution to the Fifth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change”, page 9, IPCC (GIEC), 2013. Lien du rapport: https://www.ipcc.ch/report/ar5/wg3/

[A8] Conférence “A quand la rupture énergétique ?”, Cité des Sciences, Jean-Marc Jancovici, 2017 https://www.youtube.com/watch?v=2JH6TwaDYW4

[B1] https://ourworldindata.org/food-choice-vs-eating-local

[C1] http://www.fao.org/organicag/oa-faq/oa-faq1/fr/

[C2] https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0308521X1100182X?fbclid=IwAR0s5PR79k2dpVqscanQbVn7xmRJVPblEOuQOoIHcRVZpF1PX4OVKJGvqr0

[C3] https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/nutrition-manger-bio-il-vraiment-meilleur-sante-78530/?fbclid=IwAR1SnpI6vdAU4NWy7g2fvfklg2g_QpoyhRnpiKhOCJlIeGVWoCje4NUMU4k

[C4] https://www.nature.com/articles/s41467-017-01410-w

[C5] https://www.terre-net.fr/observatoire-technique-culturale/appros-phytosanitaire/article/des-chercheurs-ont-mis-au-point-un-riz-ogm-tres-nourrissant-et-peu-polluant-216-111463.html